La rue encombrée
(chose vue)
La rue est encombrée
par les échafaudages. Dans la rue encombrée par les échafaudages les piétons
peinent à avancer. La lumière est belle ce soir. La température est basse et la
ville humide, les gouttelettes de pluie, fines, font se crisper les visages,
elles apparaissent dans les phares jaunes ou blancs des voitures empêchées et
pressées aux carrefours de la ville ce soir. Vendredi. Vendredi soir l’excitation
citadine est palpable. Ressentie. Chacun se dépêche ; il est question ce
soir de se défouler. Demain est un jour calme un peu. Sans travail. Les
klaxons. L’heure chienne est hivernale. L’on ne sait pas. Il fait jour et nuit
dans le même temps. L’on ne sait pas. Cela ne durera pas. Bientôt les choses
rentreront dans l’ordre ; la nuit. La femme dans la rue tient l’enfant par
la main. L’enfant se laisse porter par la main de la femme. Elle la guide. La
main de la femme guide celle de l’enfant et tout son corps avec. La femme et
l’enfant descendent du bus. La femme fait un grand pas et du bus au trottoir
elle enjambe le caniveau. L’enfant fait un saut, s’appuie et s’aide de la main
de la femme, l’enfant saute du haut bus jusqu’au trottoir ; l’enfant saute
par-dessus le fleuve, le caniveau. L’enfant sourit. Victoire. La femme ne voit
le sourire de l’enfant. La femme ne regarde pas l’enfant. La femme regarde le
pictogramme vert qui devient rouge. La femme et l’enfant ne traverseront pas la
rue. Elles patientent. La femme et l’enfant patientent.