Entretien avec le chorégraphe Jérôme Bel, dont la pièce Gala, présentée conjointement au Théâtre du Rond-Point avec le Théâtre de la Ville, ouvre le Portrait que lui consacre le Festival d'Automne avec 9 spectacles en rafale du 4 octobre au 23 décembre 2017
Gala commence en silence par un diaporama en bord de scène, des prises de vue montrant des théâtres vides — sièges en attente du public, plateau encore vide de ses artistes. Du plus majestueux au plus bricolé, on passe en désordre de l'or verdâtre des salles à l’italienne aux gradins de fortune, sans oublier la salle Renaud-Barrault où va se dérouler le spectacle qui vient de débuter. Manière pour Jérôme Bel de mettre en évidence, en guise d'autoportrait, l'objet de sa fascination de toujours : le théâtre, vieux dispositif trois fois millénaire, où, loin des bruits du monde, certains regardent en silence ce que d'autres vont accomplir en pleine lumière.
"Auteur", "théâtre", "présence", "parole", "vérité" : autant de mots liés à l'art théâtral qu'on retrouve dans la bouche de ce chorégraphe que tout pourrait nous amener à considérer comme un artiste conceptuel. Sauf que lui justement se revendique être un homme de théâtre. D'un spectacle au suivant il reste chevillé à en mettre à jour, en les dénudant, les constituants les plus élémentaires. Par exemple en posant ludiquement cette question à laquelle tente de répondre Gala : faut-il absolument des artistes sur la scène ?
Propos recueillis par Jean-Daniel Magnin