Connue
depuis l'Antiquité, la Licorne a très fortement marqué l'imaginaire du Moyen
Age et de la Renaissance, époques où l'on prêtait à sa fameuse corne torsadée
des vertus thérapeutiques contre certaines maladies incurables (en particulier
contre la peste). Elle était
également utilisée comme panacée contre les poisons et contre les venins.
La
dite corne se consommait fraîche, en poudre diluée dans un verre d’eau selon la
prescription des charlatans de l’époque et elle provenait alors de l'appendice
nasal d’un mammifère marin, le narval. Mais elle pouvait aussi provenir
d'ossements fossiles et dans ce cas, elle coûtait moins cher. Car la corne de
la licorne n'était pas qu'un symbole, l'ingrédient d’une mythologie courtoise,
elle circulait sur le marché où elle pouvait se négocier plus de dix fois son
poids en or.
Face
à ce commerce florissant et à l'opposition de l'Université, Ambroise Paré
réussit à prouver par des expériences simples, l'inefficacité médicale de la
corne de licorne. Notamment dans sa prévention des poisons à la cour. Mais le
chirurgien autodidacte qui de surcroît ignorait le latin, dut patienter jusqu’à
un âge fort avancé avant de publier en français son Discours de la licorne et ce, en dépit du crédit dont il jouissait
auprès du Roi qui l'assurait de sa protection. Il s'attirait ainsi les foudres
de l'Eglise et l'hostilité de tous ceux, médecins et autres apothicaires qui
tiraient profit de la légende. Au dépens de ce malheureux narval qui dans ses
rêves les plus inspirés, éprouvait des difficultés à s’imaginer cheval blanc.