Jean-Paul Clébert, clochard céleste
Portrait 25
Jean-Paul Clébert a été surnommé un temps, le clochard qui a
failli avoir le prix Goncourt.
Jean-Paul Clébert est né le 23 février 1926 et
il est mort la semaine dernière, le 21 septembre 2011.
Dans son nom, Jean-Paul Clébert est à une voyelle de
clébard.
Après avoir été cheminot, trimard, résistant puis avoir
parcouru l’Asie, il tape la cloche dans le beau Paris Insolite des années cinquante.
Ses compagnons de route ? Doisneau, Giraud, quelques
surréalistes, quelques situationnistes. Il écrit au dos des paquets de gauloise
après avoir découvert Bourlinguer de
Cendrars.
C’est lui qui l’introduira chez Denoël. Son seul maître, avec
peut être Henry Miller à qui il fait visiter les bordels Parisiens.
Clébert parlait des gitans, des arabes, des juifs, des
caniveaux, des chiens, des petits matins rouges, des ficelles, des putes, des
chineurs, de la faim et du vin.
Il n’idéalisait rien et surtout pas la misère. Il montrait ce
que personne n’en connaissait, sa beauté, sa fierté, son courage.
Il était venu finir sa vie pas loin de chez moi, dans les
collines du Luberon, loin du Paris frimeur qu’il ne reconnaissait plus, écrire
des livres sur l’ail ou la
Provence. Mais il sera resté jusqu’au bout du même bord ;
«avec ces hommes qui crèvent de faim, se foutent pas mal des beautés
de la liberté et de la marche à pied, ont misé sur l’avenir et le boulot bien
fait et dont on apprend du bout des yeux le décès dans la colonne des faits
d'hiver, vieux et vieilles morts solitaires dans un taudis innommable, ou
rongés tout vivants sur leur grabats par les rats».
Les éditons Attila
ont rééditées son Paris Insolite il y a deux ans.