Les quatre saisons
mais sans anchois, s'il vous plaît
J’aimerais
m’excuser publiquement.
Souffrant
de procrastination tenace et d’inspiration volage, je nourris le rêve secret
d’être un jour choisi comme mascotte de l’Amicale internationale du syndrôme de
la page blanche. Si l’inaction devenait sport olympique, je pourrais facilement
prétendre à une médaille, si je n’avais pas bêtement loupé le délai limite
d’inscription. Je suis prêt à saisir n’importe quel prétexte pour ne pas m’y
mettre. Avant Internet, déjà, je préférais réactualiser cent fois ma boîte aux
lettres et mon quotidien préféré plutôt que de me mettre à bosser. Il est des
jours où je m’ennuie tellement que j’ai l’impression d’entendre mon cerveau
fondre, où je m’ennuie tellement que je regarde les étapes de plat du Tour de
France en entier,… Tiens, je suis tellement accro à la procrastination que j’ai
même un compte Google+, c’est dire !
Google +,
ça ressemble un peu au croisement de Twitter et de Facebook, c’est-à-dire qu’on
y parle essentiellement de la météo, comme sur Twitter, et du temps qu’il fait,
comme sur Facebook. Et justement, c’est pour ça que j’aimerais m’excuser
publiquement. L’autre jour, on m’a demandé « plus estival, ton prochain
article ». Je me voyais déjà me rouler nu dans le sable fin, rire en
courant, échevelé et exubérant, dans les embruns mordorés, et des glaces aussi, c'est important, les glaces, mais encore
cinq minutes, il y a un coureur mexicain en échappée, il a quarante-deux
secondes d’avance sur le peloton et il va aborder une côte de quatrième
catégorie, ça a l’air important et... Ah ben tiens, l’été est fini, dirait-on. Quand je te disais que j'étais prêt à n'importe quoi pour remettre à plus tard !