Balzac et le Baron Cerveau
Histoires d'os 21
« Cuvier
n’est-il
pas
le
plus
grand
poète
de
notre
siècle
?
Lord
Byron
a
bien
reproduit
par
des
mots
quelques
agitations
morales
;
mais
notre
immortel
naturaliste
a
reconstruit
des
mondes
avec
des
os
blanchis,
a
rebâti
comme
Cadmos
des
cités
avec
des
dents,
a
repeuplé
mille
forêts
de
tous
les
mystères
de
la
zoologie
avec
quelques
fragments
de
houille,
a
retrouvé
des
populations
de
géants
dans
le
pied
d’un
mammouth
».
En
1831,
Balzac
écrivait
ces
propos
élogieux
dans
La
peau
de
chagrin
et
son
intérêt
pour
la
nouvelle
science
paléontologique
et
les
pionniers
de
son
époque
ne
devait
jamais
se
démentir
même
si
quelques
années
plus
tard,
il
devait
se
détourner
de
cette
ancienne
admiration
et
tourner
en
ridicule
son
grand
poéte
d’hier.
Dans
sa
nouvelle
satirique
"Guide-âne
à
l’usage
des
animaux
qui
veulent
parvenir
aux
honneurs",
il
l’affublait
ainsi
du
titre
de
Baron
Cerveau
et
le
traitait
d’habile
faiseur
de
nomenclatures.
Pourtant,
il
ne
faut
pas
imaginer
que
l’auteur
de
La
Comédie
Humaine
avait
soudain
sombré
dans
une
inexplicable
versatilité.
Très
instruit
de
la
querelle
qui
opposait
Georges
Cuvier,
ténor
de
la
science
officielle,
chef
de
file
des
anti-transformistes
et
Geoffroy
Saint
Hilaire
sur
la
question
de
l’unicité
du
plan
organique
animal,
il
avait
fait
le
choix
de
prendre
le
parti
de
ce
dernier.
Et
c’est
avec
un
égal
enthousiasme
qu’il
écrivait
à
son
propos:
« La
proclamation
et
le
soutien
de
ce
système,
en
harmonie
d'ailleurs
avec
les
idées
que
nous
nous
faisons
de
la
puissance
divine,
sera
l'éternel
honneur
de
Geoffroy
Saint-Hilaire,
le
vainqueur
de
Cuvier
sur
ce
point
de
la
haute
science,
et
dont
le
triomphe
a
été
salué
par
le
dernier
article
qu'écrivit
le
grand
Goethe.»
Cuvier
et
Saint
Hilaire :
Lord
Byron
contre
Goethe ?