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theatre du rond point vents contraires
Revue en ligne du
Isabelle Vandiedonck

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Le 15/09/2012
Caresses
Un petit sac de souvenirs à toucher ramassés sur la plage de Cabourg
 
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Le 06/05/2012
Si vieillir, c'est filer le temps.
Variation Peter Pan #3
Nos vies ne tiennent qu’à un fil... File, file le temps. Frileux disent : « Préserve le fil du temps. Qu’il soit de fer barbelé pour durer ! » Pour durer quoi ? Le temps d’une vie camisolée Qui ne peut s’empoigner Sous peine de légitime défense présumée ? Le temps d’une vie frigidifiée Qui ne sait pas vibrer, s’enflammer, s’effusionner ? Non merci ! Je préfère que mon fil soit de bave, Je préfère que mon fil soit de lave Pour une vie d’enragée, Pour une vie dérangée, Fil perdu dans la marée humaine, Fil noyé dans le feu de la terre. Fil de bave à la bouche de l’agonisant, Fil de bave au baiser des amants, Fil de lave au volcan s’éveillant, Fil de lave à la révolution qui vient. Le cours est immobile pour les nés vieux. Le cours coule, roule, sans compter pour les autres, Qui se fondent en lui, Le laissant rider leur face, ronger leur corps, user leurs os. Le laissant emporter leur vie. ... Alors le fil ne tient qu’à nos vies.
 
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Le 24/04/2012
Si vieillir est un voyage
Variation Peter Pan #2
J’étais encore une enfant, mais j’avais déjà quinze ans passés. On m’a dit : « Tu dois quitter le monde de l’enfance maintenant, Migrer vers celui des adultes. » Un sage m’enseignera plus tard : « Celui qui immigre après quinze ans, Reste un étranger. Trop plein de l’avant, Pour accueillir ce qui lui permettrait d’être d’ici. Il faut deux générations pour s’intégrer. » Je crois que ce n’est pas toujours vrai, fatalité. Cependant, pour ce qui me concerne, il a vu juste. Je n’ai pas réussi à m’intégrer au monde adulte, J’y suis toujours vue comme étrangère. Ce sera pour la génération suivante : Mon fils, c’est sûr, sera un adulte.
 
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Le 14/04/2012
Si vieillir est une épreuve
Variation Peter Pan #1
J’ai été recalée à l’examen d’adulte. J’ai échoué à l’épreuve du temps. Etre adulte, c’est trouver que le temps passe vite. Pour y arriver, j’ai dit : « Accélérons le temps ! Lent quand je m’ennuie, Le temps court quand je m’amuse. Amusons nous donc  à plein temps. » On m’a répondu : » Tu fais l’enfant ! Travaille, rentre dans le rang et marche au pas. » Impossible dans ces conditions d’échapper à l’ennui ! Le temps ne passe pas vite… Et moi, j’ai raté l’épreuve du temps.
 
 Je lance ma chronique 
Le 24/02/2012
 
Activité n'est pas travail
Une vie à peigner la girafe
Quand j’avais vingt ans, je cherchais un travail. On m’a demandé de peigner la girafe. Je me suis donné beaucoup de mal pour bien faire : échelle de corde pour l’escalade et brosse le poil, brosse le crin. Des heures durant. Quand j’avais trente ans, il me fallait nourrir mes enfants. On m’a demandé de peigner la girafe, pour avoir de l’argent. J’ai dit : « Pas question ! Je n’ai pas fait toutes ces études pour en arriver là! Je refuse de perdre mon temps et mes forces à de pareilles balivernes. Je ne suis pas prête à n’importe quoi pour survivre ! » Nous avons mangé des cailloux, dignement, mes enfants et moi. Quand j’avais quarante ans, je voulais encore travailler. Etrange obsession. On m’a demandé de peigner la girafe. J’ai organisé une vaste campagne pour revendiquer la liberté des girafes à vivre ébouriffées. J’ai convaincu la terre entière que les girafes étaient aussi belles et heureuses, poil en bataille que poil peigné. Un homme est venu me dire : « Arrêtez de peigner la girafe ! » Je l’ai gratifié du petit sourire suffisant de celle qui a tout compris avant les autres. Quand j’avais cinquante ans, j’avais pris des goûts de luxe qui me réclamaient salaire. On m’a demandé de peigner la girafe. J’ai plongé l’animal dans une préparation dépilatoire, puis je l’ai peint en vert. On m’a virée, j’ai perdu un procès long et coûteux contre la Ligue Protectrice des Animaux et mes goûts de luxe. J’ai pleuré sur mon sort d’artiste incomprise. Quand j’avais soixante ans, on m’a expliqué que j’étais trop jeune pour la retraite. On m’a demandé de peigner la girafe. J’ai trouvé cette activité émouvante et belle, j’ai vécu des moments de communion intense avec la girafe. J’ai découvert ma vocation de peigneuse de girafe. Quand j’avais soixante-dix ans, j’ai demandé à peigner la girafe.
 
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Le 27/11/2011
Tieren aller länder, vereinigt euch !
A mon frère, chien de traîneau désenchainé
 
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Le 30/10/2011
Bonne à rien
j'aime les bonbons qui arrachent la bouche
Les BONNES mères de famille font de la chair à pâté pour nourrir leur mari. Les BONNES mères de famille font de la chair à canon pour nourrir les nations. C’est la vie des gens bons.  
Les BONS employés doivent être récompensés : belles carrières, belles médailles. Puis on les empaille pour qu'ils restent ce qu'ils sont. C’est si beau, il ne leur manque que la parole !   
Les BONS citoyens votent comme les sondages, Pour ne pas surprendre les cours du marché, Qui demain pourtant, les dévorera tout cru et tout rond. Il ne faut pas confondre bol et col.  
Les BONS domestiques sont rares, de nos jours. Très rares. Les BONS artisans aussi. Il reste peut-être quelques bonnes bonnes…  
Les BONS chienchiens à sa mémère ont appris le caniveau, le BON goût et les BONNES manières. Le BON sens aussi. Forcément.
 
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Le 12/12/2010
Sauvons notre sève !
Ils nous ont demandé de creuser avec une petite cuillère, creuser la terre, creuser la pierre, avec une cuillère. C’est idiot c’est sûr. Mais avec les collègues, on rigole bien et on creuse un beau trou. Ils nous ont demandé de remplir des tableaux avec le nombre de cuillérées de terre par jour et par personne, le nombre de cailloux et d’insectes, calculer des pourcentages, établir des comparaisons, justifier, tracer. Totalement idiot ! Et forcément, le trou se creuse moins vite. Mais les collègues sont devenus des copains et on est des pros dans notre domaine. Ils ont remplacé nos cuillères par des fourchettes à escargot pour ne prendre que des petits cailloux et de la terre épaisse. Ils ont instauré La procédure de creusage : planter la fourchette selon un angle précis, propulser son contenu selon une trajectoire déterminée et veiller au partage des tâches entre creuseurs et propulseurs. C’est vraiment stupide mais on tient le coup. On a de la chance, on a un boulot ! Alors, ils ont apporté PGI, le prodigieux guidage intégré. Fini le travail d’amateur ! PGI est programmé pour donner au creuseur le bon geste, guidant sa main sanglée dans la direction idéale. Le propulseur est harnaché de sorte que son corps adopte la position idéale. Pitoyable résultat ! Les trous se creusent n’importe où tandis que les cuillérées de terre ou de vide se trouvent rejetées à l’endroit même d’où elles viennent d’être extraites. Et nous voilà isolés les uns des autres ! Insupportable rupture du Nous. Elément déclencheur. Assez ! Nous avons cassé PGI. Nous avons pris des pelles. Nous avons chanté. Nous avons repris possession de notre travail. Nous en vendrons peut-être le fruit mais nous en garderons la sève.
 
 Je lance ma chronique 
Le 27/11/2010
 
Petite résistance ordinaire
Il se servit un autre café. Il savait pourtant que cela n’arrangerait rien. La peur avait pris totale possession de son être et les tremblements qui l’agitaient ne se contrôlaient qu’au prix d’une crispation épuisante. Ses mains moites gouttaient sur le sol et l’encre du message qu’elles tenaient se diluait, rendant le texte illisible et donnant au papier l’aspect sale et torchonneux d’un vieux brouillon à jeter. Il aggravait son cas. Qu’importe ! Il écarta toutes les cogitations résultant de cette auto-observation. Spectacle navrant. Fermons les yeux ! Il n’arrivait cependant pas à évacuer la douleur, douleur sourde et multiforme qui semblait, elle-même, se moquer de lui. Elle grignotait son cerveau, par petits morceaux mais en prenant soin de frapper en tous points, plantant ses dents acérées dans la gélatine flasque. Elle grignotait ses boyaux, entremêlant toute sa tripaille, faisant des nœuds et des boucles avec. Elle grignotait ses articulations, en essayant de les scier comme avec une grande scie qui grince en râpant l’os. De guerre lasse, il desserra à nouveau son esprit qui se remit à errer dans les sombres territoires de l’angoisse. Il envisageait les conséquences possibles de l’acte qu’il allait commettre : le ridicule et la raillerie, le bannissement et la déchéance, la vengeance et la persécution. Il imaginait sa chef esquissant un petit sourire cruel après qu’il ait bu un café par elle servi : « Vous venez d’avaler une dose mortelle de poison, mon cher ». Quand soudain la porte s’ouvrit.
– Que me voulez-vous ? dragonna-t-elle.
– Juste vous dire que votre décision de virer Alain est totalement injuste et injustifiée…
 
 Je lance ma chronique 
Le 30/10/2010
 
 
Isabelle Vandiedonck
On a connu des marins qui avaient le mal de mer, voici une comptable qui a le mal des comptes. Sa terre ferme, ce sont les gens et les mots. Les gens et les mots qu'étouffent les comptes. Elle a 44 ans, un fils, un appartement à Montreuil, des idées farfelues, les poings serrés, quelques rustines et beaucoup de rêves. Elle vient du Nord et marche vers l’étoile.

 

 
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